lundi 6 février 2012

Aye aye: un lémurien dont l’un des doigts chauffe lorsqu’il veut se nourrir


Des chercheurs américains viennent de faire des découvertes intéressantes sur le troisième doigt de l’aye aye, un petit lémurien vivant exclusivement dans les forêts malgaches. Selon le rapport des chercheurs, l’animal "active" et "désactive" ce doigt en fonction des taches auxquelles il le destine.


Selon une étude publiée par Simons et Meyers en 2001, les doigts de l’aye aye sont terminés par des griffes à l’exception du pouce. Le pouce de l’aye aye, à l’instar de celui des autres primates, est opposable au reste des doigts. Le troisième doigt de l’animal est très mince et très long. L’aye aye s’en sert pour extraire les larves dont il se nourrit. La morphologie de ce doigt est particulière car sa largeur est inférieure à celle des autres doigts. Ce doigt hypersensible est particulièrement utile à l’animal qui s’en sert pour une multitude d’usages en plus de celui cité précédemment. L’aye aye l’utilise pour faire sa toilette, pour extraire la pulpe des noix de coco ainsi que pour porter l’eau et le nectar des fleurs à sa bouche.

Un doigt déconnecté à la demande

C’est précisément ce doigt qui a intéressé une équipe de chercheurs de l’université de Dartmouth aux Etats-Unis. Ils ont grâce à des cameras thermiques, effectué des prises de vue de l’aye aye durant la nuit. En effet, ce lémurien est un animal exclusivement nocturne. Il dort durant tout le jour dans son nid accroché à la cime des arbres. L’analyse des couleurs des photos prises à l’aide de ces caméras permet de suivre l’évolution des couleurs sur le corps de l’animal. Les scientifiques ont ainsi constaté que le troisième doigt restait froid lorsqu’il n’était pas utilisé. Le doigt était comme « mise en veille » (désactivé) en cas de non utilisation. Ils ont aussi constaté que ce doigt se réchauffait à très grande vitesse lorsque l’animal s’en servait pour la recherche de nourriture. Sa température pouvait s’accroître de 6°C en l’espace de quelques secondes. Les scientifiques ont conclu que le refroidissement du doigt, lorsqu’il était inactif, pouvait s’expliquer par le ratio volume-surface très élevé de ce doigt. Ce ratio est inadapté pour retenir la chaleur dans ce doigt.

Caractéristiques physiques de l’aye aye

L’aye aye est le seul membre de la famille des Daubentonidés et l’unique espèce du genre Daubentonia. Il s’agit d’un lémurien doté de traits caractéristiques assez particuliers. Sa queue rappelle celle d’un écureuil et ses incisives celles d’un rongeur tandis que ses oreilles sont semblables à celle des chiroptères (chauve-souris). La femelle de ce curieux primate pèse en moyenne 2,570 kg tandis que le mâle a un poids moyen de 2,620 kg, selon l’étude publiée par Feistner et Sterling en 1995. Il n’existe pas de traits morphologiques permettant de distinguer formellement un aye aye mâle d’un aye aye femelle. L’individu adulte a un pelage généralement noir ou brun-noir. La face et le ventre de l’aye aye ont la coloration de la peau des hommes de couleur blanche tandis que les yeux proéminents sont orientés vers le front. La queue et les membres sont de couleur brun-noir. La tête est large et plate avec un petit et robuste cou. La queue très large de l’aye aye est plus longue que le reste du corps. Les poils sombres se terminent par une extrémité claire. Les jeunes aye ayes naissent avec des yeux verts qui prennent la coloration brun-claire de ceux des adultes au bout de 9 semaines. Les oreilles des jeunes sont flasques durant les cinq premières semaines. Elles s’érigent peu à peu à partir de cette période.

Habitat et moeurs de l’aye aye

L’habitat naturel de l’aye est la côte orientale de l’île de Madagascar. Sterling, a établi en 1998 que cet habitat s’étendait d’Ankarana et de la Montagne d’ambre au nord jusqu’à Andohahela au sud. Des colonies d’aye ayes ont été observées à l’ouest de l’île à Manongarivo et dans les Tsingy de Bemaraha. L’espèce vit dans les forêts primaires et secondaires, dans les déserts d’épineux ainsi que les forêts galeries. L’aye aye peut également vivre dans des espaces agricoles. On peut observer l’aye aye dans les espaces protégés suivants : la réserve d’Ankarana, la réserve spéciale d’Analamazoatra et dans la réserve spéciale d’Analamera. L’aye aye se nourrit principalement de larves d’insectes et de fruits. Il peut occasionnellement se gaver d’œufs et de la sève de certains arbres. Pollock et al. ont observé des aye ayes se nourrissant de pousses de bambous de l’espèce Bambusa Vulgaris. L’aye aye peut aussi s’attaquer à des plantes cultivées telles que les bananes, les avocats et la canne à sucre. L’aye aye se sert de son troisième doigt démesuré pour localiser et débusquer les insectes logés dans les troncs d’arbres. Une fois l’insecte localisé l’animal ronge l’écorce grâce à ses incisives. L’aye aye est un animal arboricole nocturne. La journée il dort dans son nid juché à la cime des arbres. Ce nid est tapissé de feuilles de litchis. L’aye aye ne quitte son nid qu’à la tombée du jour. Le nid, chez l’aye aye, est un nid individuel. Ce lémurien est un animal solitaire. Les nids des individus se situent à une distance minimale de 9 mètres les uns des autres. Les nids des mâles peuvent se chevaucher mais ceux des femelles ne se chevauchent jamais. Les mâles sont souvent polygynes et entrent en compétition pour s’attirer les faveurs des femelles. Sterling a observé en 1993 qu’en captivité, les femelles exerçaient une dominance sur les mâles. Elles ont une priorité aux ressources alimentaires. La femelle ne donne naissance qu’à un seul petit par portée. En captivité les femelles demeurent sexuellement actives durant 6 à 7 mois par an. Les chercheurs ont conclu que l’aye aye n’avait pas de période de reproduction spécifique. Le petit garde le nid durant 2 mois avant d’en émerger. L’aye aye vient d‘être classé par l’UICN comme espèce menacée de quasi extinction. Il est considéré par les populations indigènes comme un animal qui porte malheur et est très souvent abattu pour cette cause.

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